L’attestation d’hébergement

Marseille, 1 avril 2008

Classé dans : Non classé — Tags: — admin @ 12:18

Déjà la semaine dernière, je m’étais présenté à la mairie d’arrondissement :
- « Vous avez toutes les pièces ? »
- « Oui. »
- « Ah bon ? Vous êtes sûr… »
- « Oui, oui… »
Alors le fonctionnaire s’était mis à passer en revue mes feuilles d’impôt, mes factures et mes bulletins de salaire, prenant l’air dubitatif, faisant durer le suspens… Avec gravité, il m’avait questionné sur la superficie de mon appartement, le nombre d’occupants, ainsi que sur mon lien de parenté avec l’Etranger. Moi j’étais venu en vélo, j’étais tout en sueur et j’avais pris le parti de ne pas laisser mon casque « Décathlon » bleu coincé dans mon antivol… J’avais passé la porte de la mairie avec le casque à vélo bleu sous mon bras, et à présent j’adressais au fonctionnaire de larges sourires, baignés dans un regard innocent.
Ce matin, une semaine plus tard, je retourne à la mairie, muni de mon casque à vélo. Quand vient mon tour je tends au guichetier ma carte d’identité : « Je viens récupérer une attestation d’hébergement. » Il prend la carte et la regarde, fait mine de reconnaître mon nom en esquissant un petit sourire malin, puis il fait du coude à son collègue : « Alors, on la lui donne ?… ».
Suspens… Nan, il me la donne. Qu’a-t-il voulu dire ? Qui sait… Moi je lui demande une enveloppe pour ne pas froisser l’attestation. Mais sur le chemin du retour, quand je pédale sur l’Avenue du Prado, les vieilles se retournent sur mon passage. Il faut croire que je chante à voix haute, cette petite musique qui résonne dans mon casque à vélo bleu Décathlon :

(poème à partir de 32')

EVERY STATE LINE / À chaque frontière

I got pulled over in west Texas
so they could look inside my car
he said are you an american citizen
I said
yes sir
so far
they made sure I wasn't smuggling
someone in from Mexico
someone willing to settle for america
'cause there's nowhere else to go
Je me suis fait arrêter dans l’Ouest du Texas
Pour qu’ils puissent fouiller ma voiture
Ils ont dit : « Etes-vous citoyenne Américaine ? »
J’ai dit : « Oui Monsieur, du moins jusqu’à présent. »
Il a vérifié que je ne passais personne en fraude depuis le Mexique,
Quelqu’un qui voudrait s’installer en Amérique,
Car sinon, où aller ?
and every state line
there's a new set of laws
and every police man
comes equipped with extended claws
there's a thousand shades of white
and a thousand shades of black
but the same rule always applies
smile pretty, and watch your back
Et à chaque frontière,
Un nouveau recueil de lois
Et chaque policier se présente,
Equipé d’un jeu complet de griffes.
Un millier de nuances de blanc
Un millier de nuances de noir
Mais partout la même règle s’applique :
Souris, Bébé, et fais gaffe à tes fesses.
I broke down in Louisiana
and I had to thumb a ride
got in the first car that pulled over
you can't be picky in the middle of the night
he said
baby, do you like to fool around
baby, do you like to be touched
I said
maybe some other time
fuck you very much

Je suis tombée en panne en Louisiane,
Et j’ai du faire du stop
Je suis monté dans la première voiture
- tu vas pas faire ta difficile au milieu de la nuit…
Il a dit : « Mon bébé, tu aimes t’éclater ? Bébé, tu aimes te faire toucher ? »
J’ai dit : « Peut-être une prochaine fois, fuck you very much ».
[refrain]

I'm in the middle of alabama
they stare at me where ever I go
I don't think they like my haircut
I don't think they like my clothes
I can't wait to get back to New York City
where at least when I walk down the street
nobody ever hesitates
to tell me exactly what they think of me

Je suis au milieu de l’Alabama
Et ils me regardent aller et venir
Je crois pas qu’ils aiment ma coupe
Je crois pas qu’ils aiment mes fringues
Vivement que je retourne à New York, où au moins quand je passe dans la rue
Personne n’hésite à me dire exactement ce qu’ils pensent de moi.
[refrain]

a little town in pennsylvania
there was snow on the ground
a parked in an empty lot
where there was no one else around
but I guess I was taking up too much space
as I was trying to get some sleep
'cause an officer came by anyway
and told me I had to leave

Une petite ville en Pensylvanie,
- il avait neigé.
Je me garai dans un parking vide
Sans personne aux alentours
Mais sans doute je prenais trop de place,
En essayant de dormir un peu
Car en tous cas un officier vint me dire
Qu’il fallait que je parte.
[refrain]

La première version, façon Joan Baez, figure sur l’album « Imperfectly » (1992). Une version live est disponible sur « Living in clip » (1996). Achetez les disques!