Ven.
07
Sep

MEDIAPART

Privatisons IKEA!

parthenon.jpg Réveillé au petit matin par mon premier rêve de révolution, je l'ai posté sans tarder sur Médiapart. Ça me semblait plus réel que tout ce qu'on pouvait lire dans les journaux : un rêve, enfin du concret! Bien sûr en fin de matinée, les vapeurs du rêve dissipées, l'euphorie était déjà retombée. Ce n'est qu'un rêve, comme on dit. Mais je n'ai pas envie de le supprimer, donc il est toujours là et vous pouvez le lire.

05:30Hier soir j'ai revu des amis de longue date, des amis de la fac d'ethno. On a fait à dîner, on s'est donné des nouvelles. Une amie revenait d'une semaine de retraite spirituelle dans un camp bouddhiste, dans le sud de la France. J'ai sorti mon Ipod et nous avons dansé en chantant et en faisant les fous. J'ai bu du jus de mangue et fumé beaucoup de cigarettes. Peu après minuit je suis parti pour attraper le dernier RER et rentrer à Antony.

« Al-salam 'alaykum wa rahmatu Allah » à droite ;
« Al-salam 'alaykum wa rahmatu Allah » à gauche.

Quelques heures plus tard, je me retrouve avec mes amis sur l'épais tapis d'une grande mosquée, où s'achève la prière du soir. Les gens commencent à se lever pour aller se coucher. Je sais déjà que mes amis veulent prolonger la soirée, mais je leur transmets tout de même les instructions qu'a donné le Comité d'Organisation : on peut soit aller dormir, soit prolonger un peu la soirée, comme on veut.

Nous marchons sur la dune à l'arrière d'un littoral. Nous longeons les hauts murs d'une grosse propriété, qui bouche l'accès à la mer. Nous commençons à avoir peur. En fait c'est l'enceinte de l'Université, mais nous sommes du mauvais côté du mur. Nous aimerions bien être de l'autre côté, celui qui est occupé par les manifestants. L'ensemble de la côte n'a pas été libéré.

Il y a un grand temple d'architecture romaine, genre Parthénon, parfaitement préservé, et dessus pleins de Tunisiens qui discutent de la Révolution. Le temple nous emmerde : les Officiels du Gouvernement l'utilisent comme arrière plan pour leurs grandes cérémonies sur l'éternelle sagesse du peuple et blablabla. Finalement le temple s'écroule dans des circonstances grotesques, suite à une fausse manip des ouvriers de la restauration. Tout le monde est soulagé.

Je tiens par la main celle qui sera ma fiancée, et je retombe sur mes amis de la fac. La vie, c'est toujours une histoire de se hisser au sommet d'un gros ballon. Je l'illustre avec un numéro de clown : il faut se lancer, monter le plus possible... - je mime l'escalade d'un gros rocher jusqu'à une position délicate, sous un surplomb. Là, il faut donner un coup de cul... Hop! Rétablissement... Et je me dresse fièrement, les deux pieds plantés au sommet du ballon. La vie est toujours comme ça. Nous rions de le découvrir si tard.

Nous sommes dans un magasin IKEA bondé. Un cortège de bonnes gens qui circulent dans les rayons, avec la bonne humeur d'un soir d'été. C'est un magasin en plein air, avec des platanes. Nous débordons d'amour pour ce magasin : « Qu'est-ce que c'est bien IKEA! ». On aime tellement ce magasin, on voudrait qu'il soit un service public. Je lance en riant « Pri-va-ti-sons IKEA! », et le slogan est rapidement repris. Le peuple tout entier réclame qu'on lui privatise IKEA. On agite nos belles poêles et nos cuillères en bois, autour des employés du magasin qui continuent leur travail, hilares.

« Privations IKEA! Privatisons IKEA! ».

Mais la foule du cortège se fait plus clairsemée, et mes amis font des remarques de mauvaise augure. Ils disparaissent eux aussi, je me retrouve tout seul sur la place à répéter le slogan. Derrière les platanes j'aperçois les rangées de CRS. Ils nous encerclaient, et je ne m'en suis même pas rendu compte. Je comprend mieux pourquoi Stéphane, à l'instant, me tirait par la manche. Un CRS avance vers moi avec un sourire méprisant. Je comprends qu'ils vont me casser les jambes, j'ai peur. Mon tout premier rêve de révolution tourne court. Mais je me dis aussi, tout en me réveillant : est-ce qu'ils se rendent compte que je vais écrire un article dans Médiapart?

06:35

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Tous les commentaires

Et sinon, vous avez bien dormi ?

 

Oui très bien, merci!Rire

Et vous?

Mes cauchemars étaient plutôt bancaires, mais oui...

D'ailleurs, au vu du temps pluvieux et des nouvelles catastrophiques sur le nucléaire japonais et les révolutions sanglantes, je crois que je vais flemmarder. Après tout, on risque une bonne vieille fin du monde donc... Surpris

 

On a envie de danser sur les temple et ne pas les voir s'écrouler.

Un temple, une université, aller de l'autre côté

les emmener, le mur ne semble pas si haut perché.

Les gens s'en vont du Comité d'Organisation, des fêtes et de la Révolution

Un temple en restauration vaut moins qu'un temple qui vit.


Les bonnes gens peuvent se faire briller la surface lisse d'un blanc cassé,

ça ne changera que la lumière de l'illusion d'être tous ensemble.

Dans brève il y a rêve,

le mouvement dépend de tous et personne à la fois,

un élan peut infliger l'impuissance comme la renaissance...

c'est d'ailleurs un bouillon de tout ça dans lequel on évolue.


T'es pas tout seul sur la place à crier.

Chaque voix s'entend à sa manière, mais a toujours un écho dans cette ère.