suivie d’un éclaircissement.
La réponse était
arrivée
comme une balle dans le dos
tirée quand tu fuyais ta leçon en courant
Ce qui pourrait bien expliquer
Pourquoi des années plus tard
ne te restait en mémoire
Que la terreur de la question.
Et d’ailleurs tu n’écoutais pas
Tu ne faisais qu’entasser des boîtes de provisions
Transformant notre cave en abris de guerre…
Et je n’y crois toujours pas
que tu aies laissé filer la morale
Pour t’absorber dans le placement commercial de tes produits.
Mais où était ta conscience ?
Et étais-tu même conscient ?
Et qu’as tu donc fait de toutes ces lettres
Que tu t’écrivais à toi-même
Sans savoir où les adresser ?
Je sais bien embrasser
Et toi tu apprends vite
Et sur ce genre de choses, un bon moment nous avons pu flotter
Jusqu’au jour de réaliser
Que tu savais par cœur mon numéro
De le composer et de t’apercevoir
Qu’il n’était plus attribué
Car j’ai volé par la fenêtre de la cadillac de l’amour
Pour aller m’écraser sur le trottoir dans un pluie d’étincelles
Tu me fumais
- n’est-ce pas ? -
Entre tes doigts jaunis
Tu inspirais et expirais sans dire un mot.
Mais où était ta conscience ?
Et étais-tu même conscient ?
Et qu’as tu donc fait de toutes ces lettres
Que tu t’écrivais à toi-même
Sans savoir où les adresser ?
C’est un buffet garni de poisons et non-dits,
Toute une enfance de potions,
toutes mises en bouteilles,
Et une par une, j’essuie les étiquettes, je débouche les flacons et je
remplis les verres.
Alors vas-y, goûte tes propres remèdes,
et moi je testerai les miens…
Mais trinquons d’abord à ces listes,
que nous tenons dans nos poings serrés,
de toutes les choses que nous promettons de faire autrement la prochaine
fois
Oui, la réponse était arrivée
comme une balle dans le dos
tirée quand tu fuyais ta leçon en courant
Ce qui pourrait bien expliquer
Pourquoi des années plus tard
ne te restait en mémoire
Que la terreur de la question.
Et d’ailleurs je ne t’écoute plus
J’ai trop mal à la tête, et le cœur perforé
Et me voilà enlisée dans la moelle de mon « tiens-comme-c’est-drôle » d’os
(cogné sur le petit juif)
apprenant à être seule et dévastée
Où était ma conscience ?
Etais-je même consciente ?
Et que vais-je faire de toutes ces lettres
Que je m’écrivais à moi-même
Et que je n’ai à présent nulle part où adresser ?
OK. Voici comment je vais procéder avec Ani, afin de
rendre moins obscur tout ce que j’y trouve : je vais partager une
chanson, selon le jour, selon l’heure et l’humeur, simplement par
quelques commentaires, et traduction de passages choisis. L’autre jour
c’était “
God’s
Country“, mais je n’ai rien écrit, donc celle là attendra.
Aujourd’hui, c’est “
Knuckle
down“. C’est le titre d’un album de 2005, et ça veut dire
« S’y mettre ».
S’y mettre… Vaste programme ! Surtout un samedi midi, au terme
d’une matinée qu’on voulait efficace, et qui n’aura eu finalement pour
produit que le lancement de mon Aniblog… C’est pas très sérieux tout ça…
A propos de cette chanson, j’ai eu une révélation en
octobre dernier, à Sanaa. C’était une après-midi, pendant Ramadan,
dans un minibus. Dans les minibus au Yémen, on laisse la porte
ouverte, du coup on peut voir le paysage défiler à ses pieds. Pour
cela, il faut s’asseoir à l’entrée de la première rangée, et surtout
se montrer fermement décidé à ne pas se décaler lorsque d’autres
passagers se présentent à l’entrée. M’enfin, des fois, les rangs à
l’arrière sont pleins… Dans ce cas, y’a même des jeunes qui descendent
pour te laisser rentrer et remontent à ta suite pour reprendre
« leur » place sur le merveilleux perchoir… Moi non, j’ose
pas retarder le bus, je suis trop bien élevé, alors il m’arrive d’être
forcé de m’enfoncer plus loin sur la banquette. Mais c’est toujours à
contre-cœur…
Bref, là, dans ce bus, j’ai pensé à cette chanson et j’ai compris
qu’elle parlait de “maturité”, c’est-à-dire du genre de raisons pour
lesquelles, cette année pour la première fois, je me retrouvais à
faire Ramadan. Une des choses que je préfère chez Ani Difranco, c’est
qu’elle vieillit. Mais ne cherchez pas le lien avec les histoires de
banquettes : il n’y en a pas, j’ai juste eu la nostalgie des
minibus yéménites.
« ’Course that star struck girl is already
someone i miss… »