La Sainte Patronne des Ethnologues

Une vingtaine de traductions d'Ani Difranco (Wikipedia)



7 vidéos sous-titrées par mes soins (plus facile d'accès) :

Swan Dive (1998)
Zoo (2012)
Not A Pretty Girl (1995)
Most of the Time (B. Dylan)
The Million You Never Made (1995)
Coming Up (1992)
Letter to a John (1994)

Les autres traductions sont à lire, ci-dessous.



Petite histoire de mon Aniblog

Sète, le 30 décembre 2014

En 2007, mon travail d'anthropologue a connu un tournant important. J'étais un ethnographe s'aventurant dans une société étrangère, je suis devenu un ethnographe s'aventurant dans sa propre vie. Au cours des mois et des années qui ont suivi, j'ai été pris d'une envie furieuse de placer des petits cailloux sur mon chemin.

Bien sûr, mon enquête dans la société yéménite gardait la trace de ce cheminement, des circonstances qui m'avaient mené là. Mais pour un lecteur français, c'était trop compliqué à expliquer, d'autant que mon point de vue allait se transformant de fond en comble. J'étais frustré car je voulais tout de même m'exprimer, interagir, en allant à l'essentiel.

Depuis l'adolescence, j'écoutais une chanteuse américaine, dont la voix et la poésie me transportaient. C'était une passion assez solitaire, la plupart de mes camarades du lycée ne parlaient pas suffisamment anglais pour comprendre. À l'époque cela ne me gênait pas, j'étais plutôt habitué aux passions solitaires. La chanteuse produisait un album par an, et chaque album venait prendre place dans ma vie de jeune adulte, s'identifiant à une période particulière. Ensemble, ils formaient un album photo que je parcourais régulièrement, comme ma propre vie.

À 23 ans j'ai commencé à faire de longs séjours au Yémen. Ani Difranco m'a accompagné dans ces voyages, et dans les moments difficiles de ma vie sur le terrain. Petit à petit, sa voix est devenue indissociable de ma conscience morale au sein de la société yéménite. À 27 ans, donc, j'ai ramené l'islam dans mes valises. C'était un geste un peu fou, je ne savais pas moi-même ce que ça voulait dire. Que dire à mes proches maintenant? Comment partager? Depuis de nombreuses années déjà, en tant qu'anthropologue, j'essayais d'exprimer quelque chose dont je faisais l'expérience au Yémen, sans jamais y parvenir. À quoi bon ajouter maintenant des passages du Coran, telle ou telle parole du Prophète? Je savais déjà comment mes proches allaient l'entendre - d'ailleurs je ne me faisais pas assez confiance à moi-même, j'avais peur de saccager le texte avec mes analyses. Alors que dire? Que partager?

Finalement, j'ai ouvert un blog, intitulé "la Sainte Patronne des Ethnologues", et je me suis mis à traduire des chansons d'Ani Difranco.

Ça n'a pas été un franc succès : même traduit en français, ma chanteuse adorée ne suscitait pas vraiment de réactions. J'avais aussi un peu honte de cette "adoration". Toute cette histoire était bien problématique, posant des questions sensibles et importantes, auxquelles j'étais loin d'avoir la réponse… Mais j'ai tout de même continué plusieurs années, j'ajoutais une traduction de temps en temps, pour me défouler. Un jour vers 2011, j'ai voulu mettre à jour la version de Wordpress, et mon blog est devenu inaccessible. Ce n'était pas très grave.

L'année dernière, j'ai dû renoncer au monde académique et aux sciences sociales, ce qui n'était pas facile. Une chanson d'Ani, Zoo, la dernière du dernier album en date, exprimait très exactement mon humeur : "I can no longer watch TV, cause that shit really melts my brain". J'ai mis la chanson sur la page d'accueil de mon site, et elle y est resté toute l'année 2013.

caricature plantu

Et puis il y a deux jours, j'ai rédigé un nouveau texte pour ma page d'accueil, avec cette caricature de Plantu où Hollande balance son pipi de chat sur la tête d'un djihadiste. Ça m'a fait penser à la phrase d'Ani : "Words are hotter than flames, words are wetter than water…", alors j'ai traduit la chanson Willing to Fight. Je continue de considérer Ani Difranco comme une voix importante, et mes traductions valent le coup. Je vais peut-être en exhumer quelques unes et les mettre ici, bientôt inchallah.

[16 mai 2020 : je remets en ligne toutes ces traductions (en lien avec mon texte "Déconfinement")].

 Mes traductions / billets de blog

Les titres en gras sont les chansons traduites.

8 mars 2008 : Marrow / La Sainte Patronne des Ethnologues
S’y mettre… / L’épaisseur du clic

16 mars 2008 : Untouchable Face / Unrequited

9 mars 2008 : Next Bold Move

1er avril 2008 : Willing to Fight / Ani Difranco, Mujtahid Babe
Every State Line / L’attestation d’hébergement

8 avril 2008 : Grey au Caire

10 mars 2008 : Bateson, Ani Difranco et les chats

1er juin 2008 : Nina Simone / Anthroppolloggi Goddam !

21 janvier 2009 : Obama et les hommes qui accouchent

1er janvier 2009 : Red Letter Year + Alla this

4 avril 2009 : Swan Dive / Le plongeon du cygne

10 juin 2009 : Landing Gear

11 octobre 2009 : Subdivision, et l’alignement de la rue Gabriel Péri

15 juillet 2010 : When I’m Gone, reprise Phil Ochs

22 mai 2011 : Make them Apologize / Je suis très en colère (sur l'affaire DSK).

29 décembre 2011 : Napoleon

30 décembre 2011 sur youtube : Most of the Time (reprise de Dylan)

26 janvier 2013 : Up up up up up up : Structure & croissance d’Ani Difranco

Décembre 2013 : Zoo (pour fermer mon site)

Décembre 2014 : Willing to Fight (voir ci-dessus)

20 mai 2020 : The million you never made (pour fêter le retour en ligne de mon aniblog)

27 septembre 2020 : Coming up / Petit cours d’anthropologie complotiste

14 octobre 2020 : Letter to a John / Mes engagements


Mes billets trop "border line"

Je place aussi d'anciens billets de mon blog Médiapart, supprimés parce que je ne les assumais plus, mais que je trouve assez savoureux aujourd'hui :

12 mars 2011 : Privatisons IKEA!

18 Décembre 2011 : L'ethnologue et la capote

18 mai 2011 : Potiche Présidente! (Sur les primaires PS de 2012)

14 octobre 2011 : Your Next Bold Move, pour Martine (idem)

20 janvier 2013 : Quoi ma gueule? (réaction à une caricature de Plantu)

22 novembre 2015 : Not A Pretty Girl / L'islam est un féminisme généralisé



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